Pierro ouvrait une bière en s'affalant sur son canapé. la télé disait toujours la même chose. les infos répétaient les mêmes malheurs, les films n'étaient que montage de stéréotypes. les pubs, toutes les mêmes. un reportage sur les singes lui donnait une sensation de déjà vu. il éteignit son poste en poussant un vaste soupir. l'humanité l'ennuyait. sa bière lui donnait soif. il alla se remplir un verre d'eau. de l'eau du robinet, fade, sans goût. n'ayant rien de valable à lire, il allait, pour la millième fois, se coucher l'âme vide. sa vie manquait de sucre. son chien, Citron, semblait refléter le mal-être de son maître. il ne rêvait plus. en se levant, de vagues fragment abstrait lui restaient, trop flou pour être compris, il les oubliait aussi tôt.
pierro marin était professeur agrégé de mathématique. il enseignait à une classe préparatoire au lycée pierre corneille, à rouen, en normandie. après vingt ans de carrière, son métier commençait à gravement l'ennuyer, comme tout le reste. tout ce qui jadis l'émerveillait était enfouis sous la poussière de l'âge. la ville aux cent clochers lui donnait la nausée. il avait commencé, jusqu'à ce qu'il perde passion, une étude sur les phénomènes aléatoires. il avait découvert que l'aléatoire avait une logique. plus précisément, il avait créé une logique qui n'avais aucun sens, où la cause pouvait dépendre de l'effet. mais les chiffres l'expliquait. il cherchait un algorithme, il avait trouvé tout un monde. il ne cherchait pas à être célèbre. c'était juste une détente, un moyen de s'élever plus haut que les murs vertigineux de cette vielle ville. mais petit à petit, il c'en était désintéressé. ce soir là, il n'arrivait pas à s'endormir.